C’est un fait, la date du 20 décembre 2008 restera à jamais gravée dans l’histoire. Ce jour-là, près de 2500 spectateurs se sont rendus au Grand Palais de Lille pour vivre l’événement de l'année du catch français. Evidemment ce show était "made in ICWA" et s’intitulait "Revolution 5" ! Mais outre le nombre record de spectateurs, c’est surtout du show en lui-même dont il faut se souvenir.
D’un point de vue logistique et technique, aucun organisateur de catch en France n’avait jamais fait autant d’efforts. D’un point de vue sportif et artistique, les performances de tous les catcheurs et catcheuses sont allées bien au-delà de ce que l’on a l’habitude de voir dans notre pays. Huit combats se sont déroulés pendant la soirée dans une ambiance de folie et, pour les deux derniers matchs, la foule était constamment debout.
Samedi dernier, à Lille, le catch français a vécu sa plus belle soirée depuis des décennies.
Le spectacle a commencé avec l’entrée en scène de Christophe Agius, comme à l'accoutumée. Mais pour l’occasion, celui-ci était en compagnie de son compère de RTL9 et de NT1, le seul et unique Philippe Cherreau. Et donc, pour la première fois, le duo de commentateurs vedettes était réuni pour faire vivre au public un show en live !
Le premier combat de la soirée opposait Hooligan Beef au Phoenix. Deux purs produits ICWA étaient sur le ring pour une opposition de styles et de convictions qui a tenu toutes ses promesses. Evidemment, le supporter du PSG ne s’est pas fait beaucoup d’amis dans la capitale des Flandres. D’autant plus qu’il a arraché la victoire de manière assez contestable : après avoir décroché une protection dans un des coins du ring, il tentait d’y projeter le Phoenix qui esquivait et le contrait avec un reverse DDT. Le natif du Nord était alors à deux doigts de remporter le match alors qu’il partait pour une série de German Suplex. Mais Beef rassemblait ses dernières forces pour l’écraser dans le coin sans protection. Il pouvait ainsi mettre Phoenix KO au milieu du ring en lui portant son PSG (une prise qui ressemble étrangement à une reprise de vollée et que Hooligan Beef a nommée le "Prends Sa dans ta Gueule" ... oui l'orthographe aussi est singulière chez l'ancien du kop de Boulogne).
Le second combat était un match pour les titres par équipe. Sur le ring, on retrouvait les champions en titre, Ken Abis et Abis "Bis" Abis, accompagnés de leur manageur Océbée, opposés à Pierre "Booster" Fontaine et Dimitri "Rosto" Soliotopoulos, la French Connexion ... accompagnés d’une table en forme de cercueil. Le ton était donné! Le combat s’est aussi bien déroulé à l’intérieur qu’à l’extérieur du ring et la French Connexion a bien failli se servir de la table contre les Smoke and Roll Express. Finalement, Ken Abis a surpris tout le monde en portant un petit paquet sur Booster pour le compte de 3. Mais les quatre lutteurs n’en sont pas restés là et l’affrontement a continué à l’extérieur jusqu’à ce qu’Océbée se retrouve seule sur le ring avec Rosto, Booster... et la table. L’occasion de prendre une revanche était trop belle. Quelques secondes plus tard Océbée passait à travers la table depuis la troisième corde.
Après le match, Booster prenait le micro, rappelant qu’où ils aillent avec Rosto, ils étaient chez eux! Et il en profitait pour remercier le public du Grand Palais, plus nombreux en ce 20 décembre que deux mois plus tôt lors du show de l'American Wrestling Rampage… Un énorme motif de fierté pour toute la ICWA !
Le catch reprenait ses droits avec le match féminin comptant pour le titre ICWA. Avant l'arrivée des combattantes, Chris Agius nous montrait l’altercation entre Serena Deeb et Bulla Punk dans les vestiaires avant le show. Le match pouvait alors commencer. Le public français découvrait alors tout le talent de la jeune américaine, sextuple championne de la OVW (fédération école de la WWE). Cette dernière réussissait même à placer son finish, le Spearena. Le match semblait donc terminé lorsque les lumières s’éteignaient et la musique de Gangrel se lançait. Bulla Punk en profitait pour porter un Spike DDT vicieux à Serena et gagner ainsi un quatrième titre féminin.
Le quatrième combat était 100% inédit et s'intitulait l’"Echelle du Temps". Le concept, créé par la ICWA, est simple : sept catcheurs rentrent chacun leur tour sur le ring au-dessus duquel est suspendue une horloge qu’il faut décrocher. Pour y parvenir, les combattants disposent de trois échelles de 2m40 de haut. Mais avant de pouvoir tenter sa chance, il faut que les sept lutteurs soient sur le ring… Le vainqueur, celui qui parvient à décrocher l’horloge, gagne le droit de défier n’importe quel champion de la ICWA, à n’importe quel moment, pendant une année complète. Mais il ne disposera que de 10 minutes pour remporter le titre.
Le match démarre avec Greg Fury et Tom Delacroix sur le ring, deux des plus anciens catcheurs de la ICWA, purs produits maison. Une minute plus tard ils sont rejoints par Driss Djaffali. Viennent ensuite Roméo, Peter Fisher et Yan Colby, trois catcheurs issus eux aussi de la formation ICWA. Le dernier catcheur à poser le pied sur le ring est Szandor. Alors que tout le monde tente de monter aux échelles, ce dernier renvoie les six autres au sol. La suite du match est une succession de rebondissements, de manœuvres de haute voltige, de prises de risque incroyables… Les mots sont insuffisants pour décrire l'action qui se passe sur le ring pendant ce match qui est probablement l’un des meilleurs de l'histoire récente du catch français. Notons simplement que, selon La Voix du Nord, Driss Djaffali a fait « un salto arrière tout droit sorti de Matrix ». Chacun aurait pu remporter le match, mais chacun a également mis sa santé en jeu dans ce combat où tout était permis pour remporter la victoire. Chutes sur les échelles, coups de chaise, powerbomb à travers une table à l’extérieur du ring… Ce match n’a vraisemblablement pas fini de faire parler ! C’est finalement Greg Fury qui réussissait à gagner après un coup de chaise depuis le haut de l'échelle sur Roméo, explosant l’horloge au passage.
La première partie s’achevait ainsi en apothéose. La seconde reprenait avec une annonce très importante pour l’avenir de la ICWA et du catch en France… Christophe Agius invitait John Do, représentant de la NWA, à monter sur le ring pour qu’il fasse lui-même l’annonce tandis que sur l’écran géant, on voyait alors la signature de l’accord. C’est donc désormais officiel, la ICWA et la NWA vont créer en 2009 le Championnat de France NWA et le Championnat d’Europe NWA ! Rappelons que la NWA a été fondée en 1948, qu’elle est reconnue partout dans le monde à travers ses différents affiliés et que ses titres sont considérés comme les plus prestigieux dans le monde du catch. Désormais la NWA va donc reconnaître deux titres supplémentaires et deux des championnats de la ICWA seront donc reconnus sur le plan international, une première dans l’histoire du catch en France !
Si tout le monde semblait se réjouir de cette nouvelle, il y avait tout de même une personne qui n’était pas entièrement satisfaite de cette annonce. Cette personne c’est Eric Schwarz qui estimait que le titre européen de la NWA devait lui revenir de droit. Mais au moment où il allait s’en prendre à John Do, Bad Bones accourait au ring. Le match de championnat d'Europe débutait alors. Les deux colosses allemands se sont affrontés de manière titanesque pendant tout le match, enchaînant des prises toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Mais c’est un coup bas qui a permis à Schwarz de regagner le titre qu’il avait perdu fin 2006.
L’avant-dernier combat de la soirée comptait pour le championnat poids moyen de la ICWA. Alors que l’ensemble des spectateurs suivaient désormais le show debout sur leur chaise, Tengkwa et Tommy End arrivaient sur le ring. Après que Tommy End eut rappelé au micro à quel point il était bon, les deux hommes se lançaient dans un combat de pur style high flying ! Les enchaînements au sol succédaient aux manœuvres de voltige avec une rapidité époustouflante. Et alors que Tengkwa prenait le dessus, Tommy End profitait d’un moment d’inattention de l’arbitre pour frapper son adversaire dans une zone interdite… le Cherreau Shot comme se plaisait à le rappeler Christophe Agius, en hommage à son compère. Tommy conservait son titre de manière illégale et alors qu’il célébrait son succès, Greg Fury apparaissait sur l’écran géant avec son horloge, trophée conquis lors du match "’Echelle du temps". Il déclenchait alors le compte à rebours et se précipitait au ring pour prendre immédiatement sa chance pour le championnat Junior Heavyweight.
Un nouveau match débutait donc, le second de la soirée pour les deux hommes. Mais tout allait très vite et rapidement Greg tentait de porter son finish, le FrogSplash de la troisième corde… que Tommy End esquivait. End pensait avoir la possibilité de conserver son titre mais c’était sans compter sur le courage inouï de Fury qui, en un éclair, bloquait le champion en titre dans un petit paquet totalement verrouillé. 1… 2… 3 ! Greg Fury, la figure emblématique de la ICWA, remportait le titre poids moyen sous les ovations d’une foule en délire. Dans les vestiaires, les catcheurs de la ICWA ne cachaient pas leur bonheur et leur émotion : leur frère d’arme, Greg, venait de remporter le prestigieux titre !
L’heure était alors venue pour le dernier combat de la soirée. Un match unique en perspective, une première en France : un match du cercueil ! Joe E. Legend, le Champion poids lourd de la ICWA, l’un des catcheurs les plus respectés de la planète, remettait son titre en jeu contre Gangrel, l’un des catcheurs les plus redoutés du milieu, qui avait réservé sa première apparition en France pour la ICWA. Le cercueil était amené aux abords du ring par cinq druides sur fond de chant grégorien tandis que le public observait un silence religieux. Gangrel arrivait ensuite accompagné de Bulla Punk. Son entrée restera comme l’un des moments les plus mémorables de l’histoire de la ICWA. Joe, le Champion arrivait ensuite en compagnie de Serena Deeb. Et dans une ambiance venue d’un autre monde, le match démarrait. L’intensité du combat était palpable. Les deux anciens catcheurs de la WWE donnaient tout, avec comme seul objectif la ceinture de la ICWA. Et alors que Joe prenait l'ascendant sur le Guerrier Vampire, un druide sortit on ne sait comment du cercueil pour le déstabiliser... puis un deuxième ! Et tandis que Serena Deeb avait dû être raccompagnée au vestiaire suite à un coup en traître de Bulla, Joe se retrouvait seul contre 4 adversaires ! S’il arrivait à se débarrasser facilement des druides, Gangrel en profitait pour lui mordre le cou ! Et alors que tout semblait perdu pour Joe, Serena revenait et lui sauvait la mise. Joe portait alors sa prise de finition et poussait le vampire là d’où il n’aurait pas dû sortir : le cercueil. Le champion projetait ensuite Bulla Punk sur Gangrel, ce qui eut pour conséquence pour Bulla de refermer involontairement le couvercle du cercueil sur son portégé, scellant ainsi le match et le sort de Gangrel.
Joe et Serena célébraient la victoire sur le ring face à une foule survoltée. Révolution 5 venait de s’achever et de rentrer dans l’histoire par la même occasion !