Pour Gérard Masson, le président de la Fédération Française Handisport, les Jeux Paralympiques de Pékin ont été une réussite pour la délégation française malgré un nombre de médailles (52 dont 12 en or) inférieur aux 60 espérées et une douzième place au classement des nations (neuvième en 2004). Le niveau de performance pour atteindre les podiums, l'universalisation de la pratique handisport et l'image positive dégagée par ces onze jours de compétition auprès du grand public, voici ce qu'il nous invite à retenir.
«L'objectif des 60 médailles n'est pas atteint, la France quitte le Top 10 mondial, c'est une déception ?
Sur le plan comptable on peut le dire en effet. Pourtant si on analyse d'un peu plus près les résultats on s'aperçoit que près de 70 nations sont montées sur un podium, la galette des médailles voit son nombre de parts augmenter. Le niveau d'ensemble s'est élevé, le haut niveau densifié, certains pays se sont professionnalisés à l'image de la Grande-Bretagne. Il faut donc insister sur la qualité des médailles de nos athlètes, récompensés dans 11 sports sur les 13 où nous étions présents, et le fait que l'athlétisme, la natation, le tennis de table et le judo ont bien tenu leur rang.
Justement, la France peine à maintenir son rang. N'est-ce pas inquiétant pour l'avenir ?
Nous pourrions décider d'agir comme les Britanniques (102 médailles dont 42 en or, 2e au classement) à savoir cibler les épreuves où nous voulons des médailles, influencer les jeunes à faire tel ou tel sport mais ça je n'en veux pas. Nous avons actuellement 25.000 adhérents qui peuvent pratiquer 42 disciplines, certaines en pleine nature, et je veux continuer dans cette voie-là. Notre position au classement des nations confirme notre politique destinée à tous les handicapés. Le haut niveau est important mais les médailles ne méritent pas de tout sacrifier.
Bernard Laporte, le secrétaire d'Etat au sport, souhaite que l'argent du privé vienne soutenir les fédérations sportives des valides. La FFH ne doit-elle pas suivre ce chemin ?
Sur les 6 millions d'euros de budget de la fédération, les deux tiers viennent du privé. Si on leur demandait, nos partenaires mettraient encore plus la main à la poche sans problème. Mais n'allons pas trop vite. La FFH se développe mais ce n'est pas forcément de l'argent directement investi dans le haut niveau qu'il nous faut dans l'immédiat. Nous devons en premier lieu augmenter le nombre de nos adhérents et pour cela élargir notre encadrement technique afin d'être plus présent sur le terrain. C'est ça l'urgence ! Le reste se fera naturellement.
Le grand public ne s'est jamais autant intéressé aux Paralympiques, c'est plutôt positif.
Les gens ne sont pas encore prêts à voir un handicapé à la Une de l'Equipe, même si je le souhaiterais ardemment, mais ils commencent à se rendre compte que la pratique handisport ce n'est pas « les coulisses de l'exploit ». Nos sportifs sont bien préparés, ont leur propre identité et ne cherchent pas à copier les valides. Ce sont avant tout des athlètes et la société dans son ensemble commence à percevoir cette idée.
« Un monde, un rêve » tel fut le slogan de ces Jeux. Votre sentiment sur ces onze jours de compétition ?
Quel enthousiasme ! Les gradins furent combles en permanence, le public a été très fair-play, l'organisation excellente à quelques détails près, et le nombre incroyable de jeunes bénévoles a facilité l'intendance. Enfin je suis fier de nos Tricolores. Personnellement ce ne fut que du bonheur et beaucoup d'émotions. Ca donne envie de continuer !
Source : Lequipe
:d): Bravo à eux, ils ont autant de mérite que les athlètes " normaux ".