Kader Keita ne fait jamais dans la demi-mesure. Brillant ou médiocre, l'Ivoirien ne sait pas faire dans le moyen, dans l'anonyme. Il semble aimer l'excès. Avec lui, c'est tout ou rien. Depuis le début de saison, force est de constater qu'il flirtait avec le néant. En vingt rencontres de L1 (10 fois titulaire, 10 fois remplaçant), l'ancien du LOSC n'avait inscrit aucun but. Se prenant les pieds dans la pelouse, enfermé dans des raids solitaires stériles. Son individualisme forcené agaçait. Et l'investissement du club rhodanien, le plus important de son histoire (18 millions) posait question. Depuis deux journées, Keita profite de la blessure de Govou et retrouve de sa superbe en même temps que le chemin des filets : trois réalisations en deux matches, la machine semble enfin lancée.
Il fallait bien s'y attendre. Un jour ou l'autre, il allait retrouver ses moyens. Un jour ou l'autre, il allait de nouveau exposer aux yeux de tous son énorme talent. Un jour ou l'autre,
Lyon allait pouvoir compter sur sa perle africaine. Ce jour est venu samedi au stade Louis II de Monaco. Keita a récité une partition parfaite ou presque. Impliqué sur les trois buts des sextuples champions de France.
Un doublé magistral entre toucher subtil et puissance, une frappe sur le poteau récupérée victorieusement par Fred. Keita ne fait décidément pas dans la demi-mesure. "
J'ai actuellement le temps de jeu que je voulais. Je vais en profiter pour jouer mon jeu. Comme sur mon premier but, ce raid offensif. La défense hésite et j'en ai profité. Le défenseur (Muratori)
pense que j'ai perdu la balle et je l'ai mise au fond", se contente de commenter l'international ivoirien.
Une CAN et ça repartPlusieurs signes laissaient entrevoir une possible embellie du plus gros flop de Ligue 1 depuis le début de saison. D'abord une CAN intéressante. Sous le maillot ivoirien, il est le plus efficace des Eléphants. Au sein de la débâcle, il surnage avec trois buts à son actif et une confiance retrouvée. "
Kader ? Il n'a pas été pour l'instant à la hauteur des attentes. Il a fait une bonne CAN. On peut espérer qu'il retrouve ses sensations. Il travaille et il y a des signes qui montrent qu'il peut revenir", prédit
Alain Perrin. Son coach connaît également ses difficultés d'adaptation et peut se montrer patient. A
Lille, Keita a mis six mois pour briller.
Arrivé du Qatar, il peine et goûte aux affiches peu glorieuses du championnat amateur. Mais jamais il ne se décourage. "
Kader est dans la bonne démarche, se félicitait à l'époque
Claude Puel, son entraîneur dans le nord
. Il est réceptif, il cherche toujours à progresser. Il aime faire la différence balle au pied et son état d'esprit est très bon. Pendant six mois, quand il allait jouer avec la CFA, avec sept heures de bus à l'aller et sept heures au retour, il était quand même le premier à l'entraînement le lendemain matin !" Une démarche positive et décisive. Un an plus tard, il brille à San Siro, venant à bout, quasiment à lui tout seul du grand Milan (0-2). Puis il réalise une saison de haute volée avec 9 buts et des raids autant déroutants que décisifs.
Dès lors, Kader Keita pourrait être le Monsieur Plus de la fin de saison de Lyon. Celui qui semble marcher à la confiance semble enfin placé sur orbite. Les mois qui viennent pourraient enfin justifier son transfert record. A l'image d'un
Mathieu Bodmer qui prend une nouvelle dimension ces dernières semaines, l'Ivoirien pourrait enfin exploser sous ses nouvelles couleurs. Comme son talent doit le lui permettre.