Résignés ou enthousiastes, les adhérents du ..

Etait-ce bien la peine de se tenir si crispée, main sur la bouche, comme pour contenir les mots ? Marielle de Sarnez a vite compris, vendredi 4 septembre, à la tribune de l'université de rentrée du MoDem, qu'elle pouvait se détendre. A La Grande-Motte, les quelque 1 800 adhérents démocrates présents ne l'ont pas taillée en pièces pour avoir tendu la main à la gauche, voilà trois semaines, lors d'une réunion organisée à Marseille par le socialiste Vincent Peillon.

François Bayrou l'a cautionnée, bien sûr : "Quand elle réfléchit, elle parle avec moi." Lors du débat avec les adhérents, le président du MoDem a plaidé : "Les choses sont si graves qu'il est important d'entendre d'autres que nous." L'urgentiste Patrick Pelloux s'est fendu d'un soutien pour "saluer la rencontre" de la centriste avec l'ex-gauche plurielle. Un cadre du parti, François-Xavier de Peretti, a rappelé qu'il y eut, jadis en Italie, un compromis historique entre la Démocratie chrétienne et les communistes.

"RÉFLÉCHIR AVEC D'AUTRES"

Mais, évidemment, l'affichage, le 22 août, de la numéro deux du MoDem avec Robert Hue, ex-secrétaire national du PCF, n'est pas passé sans grincements. Le vice-président du MoDem de l'Hérault a raconté qu'il n'en avait "pas dormi de la nuit". Il a cru bon de préciser : "Je suis un ancien UDF, vu mon âge." Et de conclure, dix ans après la chute du mur de Berlin : "Moi, j'irai pas avec les communistes." L'insistance d'une sexagénaire à crier "Budapest !", "Prague !", les seuls mots que l'on distinguait, sans micro, dans sa logorrhée contre M. Hue, ont fini par desservir sa cause. A sa troisième intervention, la salle a crié grâce.

Parce que, au fond, la plupart des adhérents du MoDem - ils affirment être 47 000 - en particulier les nombreux "primo-arrivants" en politique, ont accepté l'idée qu'ils n'existeraient pas tout seuls. Ceux qui ne sont pas issus des vieilles familles centristes ou de droite, sont majoritaires à La Grande-Motte.

Baptiste Blandet, 35 ans, enchanté d'être "apprenti politique", attendait depuis longtemps "un parti qui soit ni de droite ni de gauche". Il juge que "toutes les forces doivent s'unir si l'on veut renverser l'hégémonie de Sarkozy". Puis se ravise : "Tout le monde ne s'unira pas, mais il faut réfléchir avec d'autres, thème par thème."

Ses voisines, mère et fille, enseignent les mathématiques, l'une à l'université, l'autre en lycée. Marie-Amélie, 38 ans, pense que le MoDem a payé si cher son indépendance qu'il ne saurait être question d'une allégeance quelconque à la gauche. "C'est cela qui a fait peur, à Marseille, mais c'est digéré", diagnostique-t-elle. Marie-Jo, sa mère, 69 ans, qui milita au RPR : "Ce qui nous a déplu, c'est de ne pas être au courant. Mais on n'échappera pas à un débat, à une construction commune."

Arnaud Hoyois, 35 ans, consultant en finances, était "militant passif au PS". "La logique et la pertinence de Bayrou sur l'économie, sur la dette et l'investissement dans les PME", l'ont séduit. La main tendue à Marseille, "c'est très positif". "On est obligé. Le projet démocrate ne peut pas être majoritaire à court terme." Florence Mardirossian, Lyonnaise de 33 ans, spécialiste des pays de l'Est, n'aurait "pas rejoint Bayrou à l'UDF" et n'a "rien à faire avec l'UMP" enrichie des villiéristes. La main tendue à gauche, elle ne peut "que l'aimer ". Ségolène Royal et François Bayrou ont bien parlé, pendant la présidentielle : "Ça a fait sortir les poils des oreilles de Hollande, mais c'est pas nouveau, non ?"