M. Barroso cherche à séduire les...

Un coup à gauche, un coup à droite : le président sortant de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a présenté, jeudi 3 septembre, un programme susceptible, espère-t-il, de lui assurer les bonnes grâces des eurodéputés. Tandis que la perspective d'un vote de confirmation, mi-septembre, reste incertaine, le seul candidat en lice donne des gages aux différents partis pro-européens dont il courtise les voix : sa propre famille conservatrice, les libéraux-démocrates et les socialistes.

Accusé de manquer d'ambition, M. Barroso affirme vouloir utiliser "pleinement les pouvoirs de la Commission". Mais le "caméléon", comme le surnomment ses détracteurs, avance sans détailler ses intentions ni se lier les mains. Parmi les "défis essentiels " qu'il identifie, M. Barroso met en avant la relance économique, la lutte contre le chômage, ou la mise en œuvre d'une économie durable. Pour amadouer le groupe socialiste, dont de nombreux élus lui sont hostiles, il promet, sans grande précision, de mettre en œuvre un "programme pour l'emploi ", et plaide pour une nouvelle politique industrielle. L'ancien premier ministre de centre droit portugais ne précise cependant pas s'il entend aller dans le sens d'une directive-cadre sur les services publics réclamée de longue date par la gauche.

CLIN D'OEIL AUX ÉCOLOGISTES

Le président sortant de la Commission, qui a fait du "moins légiférer" un des axes forts de son premier mandat, confirme qu'il a changé d'approche. Il entend pousser les feux de la régulation financière, même s'il ne reprend pas à son compte l'idée d'un superviseur unique européen avancée par le chef de fil des libéraux-démocrates, Guy Verhofstadt. Il souhaite aussi identifier les "chaînons manquants du marché intérieur", et entend lui donner une nouvelle impulsion quitte à légiférer.

Pour contenter sa propre famille, M. Barroso considère que "l'élargissement n'est pas un processus indéfini". Pour lui, l'Europe aborde plutôt une "phase de consolidation", après avoir intégré "avec succès" douze Etats membres depuis 2004. M. Barroso fait même un clin d'oeil aux écologistes, ses opposants les plus virulents, en suggérant d'adopter un système d'autorisation communautaire des organismes génétiquement modifiés (OGM), qui laisse la possibilité aux Etats membres de décider s'ils souhaitent ou non avoir des cultures OGM sur leur territoire.

Afin de préciser ces grandes orientations, M. Barroso a rendez-vous, les 8 et 9 septembre, avec les différents groupes parlementaires. Il se dit "prêt à aller de l'avant, en fonction des demandes" des eurodéputés, et ce afin de disposer d'une "majorité claire".

La situation politique reste cependant confuse pour celui qui a été adoubé, en juin, par les chefs d'Etat et de gouvernement. Il n'est pas certain, à ce stade, que le Parlement accepte de soutenir sa reconduction dès sa prochaine session plénière, le 16 septembre.

Sans surprise, les conservateurs ont salué les grandes orientations esquissées par le candidat. Les deux autres groupes courtisés par M. Barroso, les socialistes, et les libéraux-démocrates, ont évité de réagir officiellement. "Nous sommes un peu déçus, il n'y a rien de très nouveau", observe une source libérale. "Tout est ouvert. Il faut attendre de voir comment se dérouleront les négociations", renchérit Pervenche Berès, élue socialiste.